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Monde de la marche et marche du monde
29 juillet 2009

Ru Blanc - Bordes-Pillot - Echo des sentiers


Une bonne part des plateaux calcaires jurassiques communément appelés "le seuil de Bourgogne" (ligne de partage des eaux entre le Bassin de la Seine et celui de la Saône) est occupée par la commune de Saint-Martin-du-Mont. Ces plateaux froids culminent au château d’eau de Bordes-Pillot (592 m) et ne s’avèrent guère favorables aux cultures : la couche arable réduite rend les récoltes particulièrement tributaires d’une bonne pluviosité. Le nom de Froideville, au sud de Saint-Seine, est très explicite, et Bligny-le-Sec n’est pas loin. Son appellation rend compte de la sécheresse qui survient très vite à cause de cette faible couverture d’humus sur un sous-sol calcaire fissuré.

Déja en 1790, préoccupation des habitants pour assurer l'approvisionnement en eau  En l’an XI (1802/1803), une délibération du conseil municipal de St-Martin-du-Mont se fait l’écho de plaintes : «  … terrain très sec et aride [n’étant] arrosé par aucune rivière ce qui fait que les habitants y sont délaissés, que sans exagération, les trois quart et demi [sic] ne récoltent pas du grain malgré la quantité de terrains assez considérable qu’ils cultivent, pour leur consommation…. ». Cependant, lavoirs et abreuvoirs ne seront réalisés qu'en 1827

La commune de Saint-Martin-du-Mont doit sa particularité à l’organisation de son peuplement en 5 hameaux et demi et 3 écarts! : le hameau de Fromenteau est partagé, bizarrerie héritée de l’Histoire, en son milieu, entre les communes de St Martin et de Trouhaut. La dispersion de cet habitat est peut-être due à l'insuffisance de ressources.

Incursion étymologique

Cestres est apparenté à Castres (lat. castra, pl. de castrum, désignant un camp fortifié, le plus souvent romain, puis un château-fort, qui en l’occurrence se trouvait sur la hauteur qu’occupe ce hameau).

Bordes-Pillot et Bordes-Bricard

Francique *bord, "bord d'un vaisseau" (Börde désigne une région géographique d'Allemagne au contact de la Plaine du Nord et des massifs hercyniens, couvertes de riches dépôts de lœss)

Francique *borda, "cabane de planches"

En anglais board (n.) désigne la planche et board (v.) signifie monter à bord dans une de ces acceptions.

En français bordereau est d'abord (16e s.) un "relevé noté sur le bord du cahier". Un bordel était un lieu de prostitution isolé, à l'écart de la ville - cf Bordeaux. Une borderie est une "petite ferme, métairie". Le mot borne est sans doute à rattacher à la même racine indo-européenne impliquant la notion de frontière, limite, fin.

Borde est la conjonction des 2 sens qui se complètent : cabane de bois, à l'écart et en bordure d’une zone récemment défrichée (essart). Les toponymes Bordes-Pillot et Bordes-Bricard rappellent cette origine, Pillot et Bricard désignant les propriétaires de ces habitations. Cet abri sommaire peut devenir une ferme et parfois, il se crée un hameau, voire un village. Tel est le cas pour ces 2 hameaux. Bricard vient de bric, mot désignant au Moyen-Âge "un sot, un fou " . Le nom du lieu signifiait : " la borde du branquignol ". Par contre, l’on a relevé 2 autres bordes dans le Bois de Cestres, qui ont été désertées.

Fromenteau, à l’Est du Mont Tasselot, autre hameau : dans les "Cherches des feux du Châtillonnais" de 1375, l'on relève l'orthographe "Du Froitmantel", du lat. mantelum, "manteau, couverture". Ce nom est vraisemblablement une allusion aux surfaces froides de ce terroir.
L'on pourrait aussi en déduire la nécessité de se couvrir d'un manteau en ce pays de froidure.... L'étymologie Fromenteau = terre à blé, parfois avancée, est peu plausible ici et du reste controuvée par cette source (de même, l'explication avancée par G. Taverdet qui y voit "un *petro-mantalo -, "quatre chemins", ce hameau de Saint-Martin-du-Mont étant la croisée de 2 routes très anciennes (dont la Voie Romaine d'Autun à Langres)".

Descriptif de la randonnée

Accès au ballast du tacot après une grimpette. Nous y marchons jusqu’à l’entrée de la Combe d’Été (1) . 
Dans la fraîcheur de celle-ci, chênes pédonculés élancés, et surtout hêtraie où pousse la dentaire à sept feuilles.  Un passage resserré entre les parois rocheuses où l’air circule davantage confirme cette impression (et en hiver, celui-ci, alourdi par le froid, descend du plateau, accentuant encore cette baisse de température) .
Traversée du Bois de Cestres jusqu’au pont de l’ancienne voie ferrée que la végétation  commence à cerner. De nouveau, nous progressons sur le ballast en longeant le flanc gauche de la Combe Rat (la ligne passant au S-O à Bordes-Pillot).
Nous poursuivons toujours en sous-bois vers l’Ouest pour atteindre le sentier du Bouton d’Or, non sans avoir pris notre repas sur l’herbe, à la croisée de chemins. Nous le suivons sur une courte distance jusqu’à sa sortie du bois, au Sud. L’on découvre au loin le parc des 25 éoliennes, à l’inactivité décevante… Ces oiseaux blancs ou gros insectes implantés sur la ligne de crête, s’imposent de plus en plus au regard : réalisation qui ne sera jamais amortie, pas plus que le tacot, qui aura nécessité tant de travaux.
Cette fois, le chemin, le plus souvent découvert, nous mène à travers champs jusqu’à Bordes-Bricard où par un petit sentier bordé de potagers, nous gagnons le lavoir avec ses 7 auges alignées et où l’eau coule en abondance dans une canalisation creusée dans la pierre. Sur le chemin du retour, visite de la petite chapelle, qui permet aux rares habitants, de venir se recueillir et prier. L’honorable catéchète (2) du village nous y a fait entrer. L’intérieur est propre comme un sou neuf. Elle nous vante les mérites du curé d’Ars en le citant et en attirant notre attention sur la statuette le représentant. Visiblement, la fixité du regard la subjugue - à vous de juger - (Ô, que la foi est belle quand on ne voit pas la misère du monde et que l’on a un statut social privilégié).
Retour sur le plateau agréablement vallonné, agrémenté par de nombreux bosquets et lambeaux forestiers, où la vue porte au loin. En suivant le GR2, on pénètre à nouveau dans la Combe Rat où la fraîcheur est appréciée. La source du Ru Blanc coule faiblement malgré les pluies récentes, avant de s’enfoncer dans des terrains plus tendres à l’approche du Val Suzon où le ruisseau conflue.
20° à l’aire de pique-nique et 28 ° à Dijon. Nous constatons avec étonnement un tel écart. Cependant un conseil : n’allez pas au Ru Blanc chercher la fraîcheur en période d’affluence car les places de parking sont limitées…

(1) La microtoponymie de Côte-d’Or dénombre beaucoup de combes portant ce nom : selon G. Taverdet « il s’agissait sans doute de lieux frais où l’on pouvait conduire le bétail pendant les périodes de sécheresse » (à l‘appui de ces dires, il existe un « Chemin des vaches »  qui n‘est plus utilisé et joignait Froideville - St Martin au Val Suzon, en passant par cette combe).
(2) Catéchète (note à l’attention des mécréants ignares) : celui, celle, qui exerce la catéchétique. Dans la religion chrétienne, le catéchisme désignant l’exposé officiel des articles de la foi. C’est un outil de base pour la catéchèse qui est l’ensemble des actions destinées à éduquer des enfants, des jeunes et des adultes, à la doctrine chrétienne.

La randonnée en images



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