Le triton commun
Triturus vulgaris
En ce début de printemps, profitant enfin d'une période sans pluie, je réaménage une partie de mon jardin. Et voici ce que je découvre en soulevant un bloc rocheux.
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Non, ce n'est pas un charnier mais un refuge de tritons ayant trouvé là, bien à l'abri du gel, de quoi hiberner : fort heureusement pour leur survie, je n'ai pas entrepris le travail au commencement de la mauvaise saison. Ils sont agglomérés, adultes et jeunes, dans une promiscuité totale : quand l'emplacement est favorable, l'on s'y presse! Ils peuvent vivre une dizaine d'années et deviennent adultes au cours de leur troisième année.
Cette mise au jour est brutale, et ils sont encore engourdis dans un lacis de racines. (Excusez moi pour ce réveil un peu prématuré). J'en ai recueilli une cinquantaine pour les poser au bord de l'eau où la chaleur du soleil a tôt fait de les réveiller.
L'espèce est protégée. Quant à moi, je la surprotège! S'ils sont nombreux, c'est grâce ou à cause de moi : à la belle saison, je nourris les poissons rouges avec des sticks. Au début, les tritons dédaignaient cette nourriture inerte : ils se nourrissent d'insectes aquatiques et de vers de vase. Il faut que la proie bouge. Mais l'adaptation est étonnante : depuis 2 ou 3 ans, certains ont goûté (par hasard?) à cette nourriture insolite mais abondante. Ils l'ont apparemment trouvée à leur goût, car à présent, je possède des tritons "mangeurs de sticks".
J'aurai encore le loisir, cet été, d'observer leur parade nuptiale : les mâles, la queue repliée et frétillante s'affairent autour de la femelle. Une fois fécondée, celle-ci ira déposer un à un ses œufs au revers des feuilles qu'elle replie en les collant, pour les protéger.
A la fin du printemps, le triton quitte le milieu aquatique pour la terre ferme, dans les lieux frais et humides, car leur peau fine et fragile ne pourrait longtemps supporter l'ardeur du soleil (l'essentiel de ses échanges gazeux s'effectuant par la peau).
M.M.